Déserts médicaux : vers une prise de conscience ?

Dans une étude publiée le 30 septembre[1], l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF) apporte une analyse sur la désertification médicale qui ne cesse de s’aggraver… Pour le Sniil, les propositions de l’AMRF constituent une avancée mais demeurent insuffisantes et doivent davantage s’appuyer sur la profession d’IDEL afin de répondre au mieux aux besoins de santé de chaque territoire.

Un constat accablant sur l’accès aux soins

L’étude de l’AMRF sur « la santé en milieu rural » dresse le constat : plus de 10 millions de Français ont un accès à la santé inférieur à la moyenne nationale et plus de 6 millions d’entre eux vivent à plus de 30 minutes d’un service d’urgences.

Pour répondre aux difficultés d’accès aux soins sur le territoire, l’AMRF propose de :

  • diversifier les lieux de stages des étudiants en santé,
  • mettre en place des équipes de soins coordonnées autour du patient (ESCAP)[2],
  • faciliter l’installation des professionnels de santé en centralisant les aides financières et les démarches administratives,
  • encourager les collaborations entre la médecine de ville et hospitalière.

Pour le Sniil, ces propositions vont dans le bon sens mais ne vont pas assez loin. Pour garantir un accès à la santé de tous les Français, il faut s’appuyer davantage sur le maillage territorial des professionnels de santé de proximité, tels que les infirmières et infirmiers libéraux présents sur l’ensemble du territoire comme le souligne également l’Ordre Infirmier dans une cartographie sur la densité de la profession[3].

Plutôt que créer de nouveaux métiers, s’appuyer sur les professions de santé existantes

Les solutions pour lutter contre la désertification médicale ne peuvent se trouver uniquement dans le corps médical. L’ensemble des professionnels de santé de proximité ont leur rôle à jouer pour garantir un accès aux soins de qualité à chaque Français.

Le Sniil travaille depuis de nombreuses années à des solutions aux problèmes de densité médicale en proposant de :

  • développer les compétences des IDEL dans le respect des prérogatives de chaque profession de santé notamment dans le suivi des pathologies chroniques[4], ainsi que de la consultation de prévention,
  • instaurer le statut d’infirmier référent pour anticiper les sorties hospitalières avec des consultations infirmières,
  • favoriser le recours aux IDEL lors de téléconsultations à domicile,[5]
  • permettre la téléexpertise entre pairs et entre professionnels de santé non médicaux afin d’éviter le recours systématique à un médecin quand cela ne le nécessite pas et reconnaître le niveau d’expertise de chaque profession,
  • poursuivre et améliorer les mesures de « la mission flash », notamment le recours aux IDEL d’astreintes pour réaliser une visite à domicile d’évaluation du patient.[6]

Les pouvoirs publics doivent se saisir rapidement des propositions des professionnels de santé de terrain pour répondre aux dysfonctionnements du système de santé.  Le Sniil invite tous les IDEL à participer aux concertations qui vont se dérouler au cours des mois à venir dans les départements dans le cadre du CNR (Conseil National de Refondation).

Ce conseil est le lieu pour faire entendre ces recommandations, ainsi que de mettre en avant les compétences de la profession encore trop peu reconnues. C’est seulement en s’appuyant sur les infirmiers libéraux que des solutions réalistes et adaptées à chaque territoire pourront émerger.