Evolution du système de santé : les décisionnaires n’apprennent toujours pas des erreurs du passé

Dysfonctionnement du système de santé, désertification médicale… A la veille du second tour du scrutin présidentiel, le Sniil regrette l’analyse incomplète du dernier rapport sénatorial sur ces sujets. Au naufrage du système de santé annoncé pourtant depuis des années, les instances apportent des solutions qui ne répondent ni aux besoins de santé ni aux difficultés des parcours de soins.

La HAS s’exprime sur l’état du système de santé 

Dans une lettre ouverte, le collège de la Haute Autorité de Santé s’est adressé « à tous ceux qui ont à cœur de se mobiliser pour une meilleure qualité des soins ». Ce dernier, plutôt habitué aux recommandations de bonnes pratiques, alerte cette fois-ci sur les dysfonctionnements du système de santé et propose des solutions pour y remédier.[1]

Le Collège déplore le manque de coopération et de coordination entre les professionnels de santé. Par ailleurs, la HAS dénonce les modes de financement rémunérant l’activité plutôt que la qualité des soins. Autant de facteurs qui participent à la dégradation de l’offre de santé.

Le Sniil partage cette vision, et depuis des années, alerte et propose des solutions pour améliorer la coordination des parcours et la prise en charge en ville. Pourtant, les instances continuent à faire la sourde oreille.[2]

Un rapport sénatorial complètement déconnecté  

Dans un rapport publié le 29 mars dernier, une commission sénatoriale affiche des pistes pour lutter contre la désertification médicale. Les mesures avancées sont médico-centrées et ne tire pas les leçons des erreurs du passé.[3]

La légitimité de telles préconisations par les sénateurs peut également être interrogée. Ce rapport s’appuie sur l’audition d’un échantillon limité de professionnels. La profession infirmière n’a été que très peu consultée, les libéraux encore moins.

L’analyse des sénateurs perpétue la tradition d’un système de santé axé autour des médecins. Les défaillances actuelles ne sont pourtant que les conséquences de cette perception. Le Sniil est convaincu que le système de soins doit être appréhendé avec une perception plus globale, plus coopérative et plus collaborative.

Le Sniil s’inquiète de voir des rapports restrictifs et archaïques comme celui de la commission se succéder. Le système actuel ne pourra pas être amélioré en investissant uniquement dans des salariés au service des médecinsLes pouvoirs publics ne doivent pas omettre le rôle central des IDEL dans le maillage de la santé sur le territoire, mais également de toutes les professions de santé.


[1] Lettre ouverte du Collège de la HAS à tous ceux qui œuvrent pour la qualité des soins et des accompagnements – Lettre ouverte du collège de la HAS – 31/03/2022

[2] Propositions du Sniil pour l’élection présidentielle – Débats d’idel – plateforme participative du Sniil – janvier 2022

[3] Rapport « Rétablir l’équité territoriale en matière d’accès aux soins : agir avant qu’il ne soit trop tard » -commission de l’aménagement du territoire et du développement durable – Sénat – 29/03/2022