Assistants médicaux : les propositions inacceptables du rapport IGAS

Suite à la mission flash confiée à l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) à propos de la formation des assistants médicaux[1], un rapport contenant plusieurs propositions a été publié.

Pour rappel, la fonction d’assistant médical est issue de la stratégie « Ma santé 2022 ». Elle a pour objectif d’alléger la charge administrative des médecins tout en leur apportant une assistance dans la prise en charge des patients. Aujourd’hui, environ 3 500 contrats d’assistants médicaux ont été signés et sont subventionnés, le Ministère de la Santé et de la Prévention souhaite faire évoluer ce nombre à 10 000 d’ici fin 2024.

Des propositions inacceptables

Dans le rapport récemment publié par l’IGAS, les deux premières propositions visent à dévaloriser particulièrement les compétences infirmières :

  • « Elargir le périmètre d’intervention des assistants médicaux à l’occasion de l’évolution du métier infirmier »

S’il y a bien un seul point sur lequel nous sommes d’accord avec l’IGAS c’est celui-ci : « le périmètre de compétences des assistants médicaux nécessite d’être éclairci ». Pour le moment, ce périmètre est défini par l’employeur, à savoir le médecin. Néanmoins, il est inenvisageable que ce périmètre puisse, comme le suggère le rapport, entrer en concurrence avec les actes des IDEL, ni même empiéter sur notre champ de compétences.

Alors que nous appelons depuis des années à une réingénierie de notre métier, cela ne doit surement pas se faire à notre détriment et encore moins en nivelant la profession vers le bas, nous considérant comme de simples faiseurs d’actes. La réingénierie doit, au contraire, viser à défendre notre expertise et renforcer nos compétences, développer de nouvelles modalités de prise en charge infirmière et non à partager nos compétences avec des non professionnels de santé. Nous constatons que la volonté de la DGOS est de mener les travaux vers ce partage. Le Sniil s’y oppose fermement.  

  • « Rappeler que les infirmiers peuvent réaliser à titre ponctuel des actes infirmiers en tant qu’assistants médicaux »

Cette autre proposition indécente vise à mettre en concurrence des infirmiers libéraux avec des infirmiers qui auraient faits le choix de devenir assistants médicaux. Il n’est pas envisageable que la possibilité de réaliser des soins soit ouverte à la profession d’assistant. Nous ressentons ici une volonté de soumettre notre profession au service des médecins.

Libérer du temps médical est une réelle nécessité. La solution ne réside pas dans l’attribution des compétences infirmières aux assistants médicaux, mais plutôt dans le partage des compétences entre professionnels de santé. Les IDEL sont, depuis longtemps, en mesure d’assurer, en collaboration avec les médecins, le suivi des pathologies chroniques, le renouvellement de certaines prescriptions, mais aussi de prendre une place plus importante dans la prévention et l’accompagnement des patients. Des compétences difficiles à mettre en œuvre, la faute à une grande méfiance de la part des médecins envers la profession infirmière. Comment peut-on accepter le partage de compétences entre non professionnels de santé et médecins tout en sachant que ces derniers n’acceptent pas de collaborer avec les IDEL ?

En plus de menacer la profession infirmière, ces propositions aberrantes menacent également la bonne prise en charge des patients. Comment garantir la qualité ainsi que la sécurité des soins qui pourraient être réalisés par des assistants médicaux ?

Le Sniil interpelle le nouveau ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, et lui demande la plus grande prudence sur le suivi de ces recommandations qui pourraient exacerber encore plus le ras le bol d’une profession déjà découragée, qui peine à trouver encore du sens à son exercice.


[1] Formation des assistants médicaux – Rapport IGAS – Juin 2023