2023, l’année du rebond pour le système de santé ?

Face à un système de santé à bout de souffle, certains s’inquiètent. Pour d’autres, cela peut être source de perspectives et de nouvelles projections. Alors même que le Ministère appelle à une meilleure collaboration sur les territoires, avec le déploiement des CPTS et plus largement de tous les modes de coordination et d’exercice pluriprofessionnel, nous assistons depuis quelques semaines à des crispations, voire des propos insultants.

Une profession pointée du doigt

La profession infirmière est particulièrement ciblée par la profession médicale. Cette dernière, sous prétexte de défendre son exercice, son métier, n’hésite plus à prendre les Français à partie en humiliant les autres professionnels de santé.

Les infirmiers ne souhaitent pas prendre la place du corps médical. Mais nous pouvons assurer le suivi de pathologies chroniques en lien avec le médecin traitant (quand il y en a un) ainsi qu’avec l’IPA et tous les professionnels inclus dans le parcours du patient.

NON, nous ne bradons pas la santé. La profession a à cœur d’apporter une solution à tous les citoyens en attente d’une réponse à leurs besoins de santé. Donner un accès direct aux infirmières, ce n’est pas exclure le médecin. Il s’agit avant tout apporter une réponse aux patients tout en reconnaissant les compétences de notre profession. 

Qui prend en charge au quotidien les personnes dépendantes et assure la coordination et l’intervention du médecin quand cela est nécessaire ? Qui intervient sur le suivi des plaies alors même que les médecins ne sont pas toujours au fait des meilleures modalités de prise en charge ? Qui assure la coordination des parcours de soins en adressant les patients vers les bons interlocuteurs ?

Chers médecins, vous n’êtes pas seuls !

NON, nous ne réclamons pas des prises en charge exclusivement infirmières car nous connaissons les limites de nos compétences et acceptons sereinement que le suivi des patients soit pluriel.

OUI, nous apportons par nos compétences, notre savoir-faire, une plus-value sur vos prises en charge, qui parfois vous permettent d’améliorer votre ROSP[1].

Nous ne souhaitons pas faire sans les autres professionnels, mais nous n’accepterons pas de subir le mépris d’une profession qui estime que tout doit passer par elle, considérant être le chef d’orchestre. Les infirmières et infirmiers ne sont pas vos instruments mais bien une profession avec laquelle vous collaborez et sans qui vos prises en charge ne se résumeraient qu’à un diagnostic.

Entre perspectives et développements

Le Sniil poursuit ses travaux et auditions avec les instances afin de permettre un accès direct à l’infirmier dans le cadre de la dépendance et de la prise en charge des plaies. La mise en place de l’infirmier référent est également en discussion. Ce statut nous donnerait la possibilité de coordonner le parcours des patients, de renouveler nos ordonnances de soins.

Nous attendons également la possibilité de renouveler certains bilans biologiques afin de favoriser le suivi des pathologies chroniques. De même, la prévention n’est pas une compétence exclusivement médicale. Le Sniil, revendique que les rendez-vous de prévention soient aux mains des professionnels de santé.

Le Sniil n’entend pas attendre que le système se crispe davantage. Ces solutions que nous défendons depuis des années, auraient permis, si le courage de réformer avait été au rendez-vous, si le corporatisme n’avait pas été synonyme d’immobilisme, de ne pas arriver au point de saturation que connait actuellement le système de santé.

Le Sniil, précurseur de l’exercice pluriprofessionnel espère que la raison reviendra en ce début d’année, afin de ne pas dégrader la confiance qui s’est instaurée entre les professionnels de terrain. Notre combat commun est d’améliorer l’accès aux soins, d’apporter une réponse aux besoins de santé de chacun et d’accepter que le système de santé connaisse une profonde transformation qui devra inévitablement bousculer les pratiques de l’ensemble des professionnels du secteur.


[1] ROSP : rémunération sur objectifs de santé publique