AME en danger : le Sniil soutient la tribune des 8 anciens ministres de la Santé
Après seulement quelques jours au pouvoir, voilà que certains nouveaux ministres du gouvernement Barnier, dont le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, se positionnent en faveur de la restriction voire de la suppression de l’Aide Médicale d’Etat (AME). Une nouvelle qui pourrait avoir des conséquences désastreuses en matière de santé publique.
L’AME garantit aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins, sous conditions de résidence et de ressources. Il y a près d’un an, ce dispositif avait déjà été mis en danger par le gouvernement alors en place[1]. Aujourd’hui, le Sniil réaffirme ses propos : la restriction voire la suppression de l’accès aux soins pour une partie de la population, sous couvert de l’irrégularité du séjour sur le territoire, représente une menace sérieuse pour la santé publique. D’ailleurs, huit anciens ministres de la santé (Aurélien Rousseau, Roselyne Bachelot, François Braun, Agnès Buzyn, Agnès Firmin Le Bodo, Marisol Touraine, Frédéric Valletoux et Olivier Véran) ont publié une tribune dans le journal Le Monde, le 26 septembre 2024, pour rappeler l’importance du maintien de l’AME.
En effet, remettre en cause ce dispositif reviendrait à exposer notre système de santé à une pression plus importante, avec des prises en charge plus tardives et donc médicalement plus graves et plus coûteuses. L’argument économique avancé ne tient pas, il faut savoir que la prise en charge d’un bénéficiaire cout sept fois plus cher à l’hôpital qu’en médecine de ville. Restreindre l’accès aux soins aux 466 000 bénéficiaires de l’AME, reviendrait donc à mettre en péril les services d’urgence de nos hôpitaux déjà en très grandes difficultés. Avec la disparition de l’AME nous pouvons également craindre de voir les crises sanitaires se multiplier. Il est nécessaire de pouvoir protéger l’ensemble de la population face aux risques d’épidémies qui sont désormais transfrontalières.
A l’heure où les débats devraient s’ouvrir en marge du projet de loi de financement pour la sécurité sociale (PLFSS) 2025, il est important de rappeler que, dans l’enveloppe budgétaire accordée à la LFSS 2024, l’AME ne représentait que 0,5% des dépenses prévues (soit 1,2 milliard d’euros). Croire que la suppression ou la restriction de l’AME permettrait de réaliser des économies n’est qu’un « fantasme » insistent les co-signataires de la tribune. Il faut rappeler que celle-ci ne concerne qu’un périmètre précis de soins dont les soins médicaux et dentaires, les médicaments remboursés, les frais d’analyses et d’hospitalisation, ainsi que ceux relatifs à certaines vaccinations et certains dépistages, à la contraception et l’IVG.
Persuadé que le retrait ou la restriction de l’AME serait un recul majeur en matière de droits humains et de santé publique, le Sniil soutient la tribune co-signée par les huit anciens ministres de la Santé.
[1] Suppression de l’AME : une aberration pour la santé publique, le Sniil s’y oppose fermement ! – article – 16/11/2023