Virage ambulatoire : le Sniil déplore des préconisations du HCSP éloignées des réalités du terrain

Dans son rapport publié le 26 juillet « le virage ambulatoire : pour un développement sécurisé », le HCSP[1]constate que la chirurgie ambulatoire doit davantage se développer… mais oublie un des maillons essentiels de sa prise en charge sécurisée : les infirmières et infirmiers libéraux.

Le HCSP souligne dans ce rapport que :

  • la chirurgie ambulatoire est davantage développée en secteur urbain. Les populations habitant dans les territoires ruraux les plus isolés ont plus de difficulté à pouvoir en bénéficier.
  • l’organisation du passage du patient de l’hôpital à la ville n’est pas optimale. Le HCSP constate que les patients manquent « d’informations sur les signes ou complications devant l’amener à recontacter l’établissement »[2]. Mais également un « manque de consignes spécifiques pour les accompagnants » ou encore un « défaut de coordination des établissements hospitaliers »[3] avec les professionnels de santé de ville.
  • l’implication des professionnels de santé de ville devrait « s’améliorer » par l’introduction de cotations spécifiques pour les IDELS.

Le Sniil ne peut que partager ces constats. Les infirmières et infirmiers libéraux assument déjà le suivi des patients en post chirurgie ambulatoire[4] sans pour autant avoir de prescription spécifique à la surveillance de ces patients. Les seules prescriptions émises concernent des soins infirmiers mais aucunement la surveillance.

Le Sniil dénonce que ce rapport ne fasse aucune préconisation concernant le suivi du retour à domicile des patients par les infirmiers libéraux.

Le Sniil propose :

  • l’intégration des IDELS en amont de la chirurgie afin d’anticiper au mieux le retour au domicile ;
  • la prescription de la surveillance post chirurgie ambulatoire systématisée notamment pour les patients ne pouvant intégrer les recommandations post chirurgie, mais également pour les patients à risques ou avec un acte chirurgical présentant plus de risques ;
  • de s’appuyer sur le maillage territorial des infirmiers libéraux pour sécuriser le suivi des patients notamment ceux habitant les territoires les plus reculés des zones urbaines.

Les rôles de surveillance, de prévention et de détection précoce des éventuelles complications par les IDELS sont des éléments clés du développement de la chirurgie ambulatoire.  

Une préconisation du HCSP retient cependant, toute notre attention bien que réclamée depuis longtemps par la profession : la transmission de lettre de liaison entre l’hôpital et les professionnels de santé de ville notamment les infirmiers. Cet élément est essentiel pour le suivi de tous les patients, même en dehors du contexte de chirurgie ambulatoire.

Le Sniil demande aux autorités publiques de se saisir de ces constats. Nous sommes ouverts à toutes concertations et travaux d’amélioration de la stratégie de chirurgie ambulatoire pour que le rôle des infirmières et infirmiers libéraux soit pleinement ancré dans le virage ambulatoire.


[1] HCSP : Haut Conseil de la Santé Publique
[2] HCSP, Rapport « Virage ambulatoire : pour un développement sécurisé » – 26/07/2021 – page 49
[3] HCSP, Rapport « Virage ambulatoire : pour un développement sécurisé » – 26/07/2021 – page 53
[4] Enquête HCSP/ France Assos Santé, « Chirurgie ambulatoire : Quels vécus des usagers ? », « 65% des personnes répondant ont reçu une ordonnance de soins infirmiers » après une opération. Rapport « Virage ambulatoire : pour un développement sécurisé » – 26/07/2021 – page 50