Un Ministre à l’écoute, vraiment ?

L’arrivée du Dr Braun à la tête du ministère de la Santé et de la Prévention début juillet a été marquée par la mise en œuvre des mesures de la « Mission Flash » pour garantir l’accès aux soins durant l’été. A l’heure des premières évaluations, le manque de concertation et d’écoute de l’ensemble des parties prenantes par le Ministère interroge sur la méthodologie qui sera employée dans les prochains travaux.  

Nouveau ministre, nouvelle méthode ?

Cette volonté d’agir rapidement était inéluctable au regard de la situation catastrophique du système de santé et des difficultés d’accès aux soins. Pourtant, de nombreuses disparités dans le déploiement des mesures de la mission Flash sur les territoires sont observées.

En souhaitant aller vite, les pouvoirs publics ont omis de concerter les professionnels de terrain, tels que les infirmiers libéraux. Depuis des décennies, l’inaction et l’ignorance de l’Etat ont conduit à la détérioration du système de santé qui oblige la mise en place de mesures d’urgence en plein milieu de l’été. [1]

Les premières évaluations des mesures Braun doivent avoir lieu fin septembre. Malgré la mobilisation des IDEL sur l’ensemble du territoire pour assurer, notamment des astreintes auprès des services de régulation des urgences, les représentants de la profession ne sont toujours pas conviés aux comités de suivi de cette mission.

Le Sniil s’interroge sur la méthodologie de travail employée par le locataire de l’avenue de Ségur et sur sa volonté de travailler en concertation avec l’ensemble des professionnels de santé, notamment pour répondre à la crise du système de santé.

Ce manque de dialogue est d’autant plus préoccupant quant à l’analyse que le Ministère pourrait avoir de certains rapports ou avis.  

Un rapport du HCAAM à surveiller de près

Un rapport du HCAAM concernant l’« organisation des soins de proximité » est paru le 7 septembre dernier[2]. Ce énième texte a pour objectif de « proposer » des solutions pour répondre à la crise du système de santé.

Le HCAAM préconise d’améliorer l’organisation du travail entre les acteurs de soins de proximité. Pour ce faire, l’instance mise sur une coopération étroite entre médecins et infirmiers en utilisant de manière optimale les compétences de chaque professionnel. Le Haut Conseil suggère également de renforcer et diversifier le partage de « tâches » avec les infirmiers afin de libérer du temps médical.

Le Sniil refuse toute remise en cause de l’exercice libéral et s’oppose à ce que nos nouvelles compétences ne soient qu’au service du gain de temps médical.  La délégation d’actes ne peut suffire, nous devons aller vers de nouvelles compétences qui peuvent s’acquérir par la formation.

Le Sniil sera extrêmement vigilant sur l’analyse et les conclusions qui seront faites par le Ministre de ce rapport et de tous ceux à venir.  Le locataire de l’avenue de Ségur doit impérativement consulter et collaborer avec l’ensemble des représentants des professionnels de santé de terrain afin d’éviter de crisper encore plus un système de santé déjà tendu.


[1]  « Mission Flash : un été de mobilisation » – article du Sniil – aout 2022

[2] Rapport « Organisation des Soins de proximité : Garantir l’accès de tous à des soins de qualité » – Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM) – 07/09/2022