Le Sniil alerte sur une confusion dangereuse des rôles au domicile

Ivry-sur-Seine, le 1er décembre 2025 – Les propositions issues de l’étude commandée par l’Union des Prestataires de Santé à Domicile Indépendants (UPSADI), visant à élargir les missions des prestataires de santé à domicile à la prévention, au repérage des fragilités, à l’observance ou encore à la vaccination, soulèvent une inquiétude majeure. En cherchant à repositionner les PSAD sur des champs explicitement cliniques, cette démarche introduit une confusion dommageable entre logistique et soin.


Depuis plusieurs années, le législateur et les autorités sanitaires ont fait le choix d’élargir les missions des infirmières, de conforter leur place dans la prévention, de leur confier un rôle accru dans la vaccination et de reconnaître leur capacité à piloter la coordination clinique au domicile. Cette dynamique n’est pas un hasard : elle répond à des besoins de santé publique, à une exigence de sécurité des patients et à la nécessité de s’appuyer sur des professionnels de santé qualifiés pour organiser le suivi des personnes âgées ou atteintes de pathologies chroniques. Contourner aujourd’hui cette évolution au profit de structures techniques serait un contre-sens politique et sanitaire.


Dans ce contexte, il serait incohérent de laisser croire que des structures logistiques pourraient se substituer à des missions qui engagent un jugement clinique, une responsabilité professionnelle et une formation réglementée. Que des infirmiers exercent au sein des PSAD ne transforme pas ces organisations en acteurs de santé aptes à assumer la prévention ou la coordination clinique. La présence de soignants en leur sein ne doit pas servir de levier pour contourner le cadre légal des professions de santé libérales.


La prévention, l’évaluation des fragilités, la coordination du parcours et la vaccination s’inscrivent pleinement dans le champ infirmier. Elles font partie des compétences que le législateur a choisi de renforcer précisément pour répondre aux besoins croissants au domicile. Présenter ces propositions comme relevant d’une simple “complémentarité” entretient une ambiguïté. Derrière les discours rassurants, c’est une redéfinition silencieuse de l’organisation du domicile qui s’opère, au bénéfice d’acteurs économiques et au détriment de la lisibilité des parcours.

Une telle évolution ferait peser des risques réels sur le système de santé : contournement des professionnels au profit d’acteurs logistiques, détournement de patientèle lié à une proximité matérielle plutôt qu’à une compétence soignante. Ces glissements fragiliseraient la cohérence des prises en charge et menaceraient la sécurité des patients.


Le Sniil appelle les pouvoirs publics à assurer une cohérence forte entre l’évolution des compétences infirmières et l’organisation du domicile. La réponse aux enjeux de prévention et de coordination ne réside pas dans l’extension du rôle d’acteurs économiques, mais dans la consolidation du rôle des infirmières et infirmiers libéraux, qui assurent déjà un maillage territorial unique et une présence clinique indispensable auprès des patients.


Le Sniil restera pleinement mobilisé pour défendre la place centrale des infirmiers libéraux dans la structuration du domicile et pour garantir que les missions soignantes demeurent exercées par des professionnels qualifiés, conformément à l’intérêt des patients et à l’ambition nationale en matière de santé publique.

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