Redonnons du sens à notre profession

Aujourd’hui, beaucoup de professionnels s’interrogent sur le sens de leur métier. La profession d’infirmière ne déroge pas à la règle. La crise sanitaire et les dysfonctionnements du système de santé mettent à rude épreuve les IDEL. Il est temps de « redonner du sens à notre métier » par le développement de nos compétences et une meilleure coopération  afin de répondre aux besoins de santé des patients et de la population.

L’infirmière, une définition évolutive

Selon le site du ministère de la Santé et de la Prévention, le métier est défini comme «  central dans le système de santé ». Cette place est majeure et nos « missions très diversifiées » que ce soit en établissement ou à domicile : « Evaluer, améliorer ou conserver l’état de santé d’une personne » définissent une partie de notre activité.

Ce Ministère qui a ajouté la prévention à sa dénomination oublie que les infirmiers sont également formés à cette discipline ainsi qu’à l’éducation à la santé. Notre champ ne doit plus se limiter à la personne malade mais bien à la population générale. Le choix de la profession d’infirmier n’est pourtant pas anodin. De plus en plus d’étudiants se tournent vers les sciences de l’infirmière, mais l’épuisement et le mal-être des professionnels interrogent sur le sens contrarié après seulement quelques années d’exercice.

La recherche de sens à son métier est parfois compliquée. Chacun trouvera la raison d’être de son exercice quotidien et cherchera la motivation au travers de sa propre définition

Un métier en quête de sens

« Collaborer au diagnostic d’un patient, organiser et coordonner l’intervention des autres  acteurs de santé, prodiguer des soins personnalisés » tels sont des engagements qui motivent la profession. Malheureusement tout ceci ne peut prendre du sens qu’à partir du moment où les conditions sont réunies pour les assurer.

A domicile, ces missions sont devenues de plus en plus complexes et ne permettent plus aux professionnels de s’épanouir. Au manque de médecins, aux contraintes administratives, à la pression de l’Assurance Maladie, à  la recherche de prescriptions médicales conformes s’ajoutent l’inflation, les difficultés de déplacements et de stationnement.

Ces problématiques pèsent sur la profession et ne permettent plus un exercice serein. Les instances doivent rapidement prendre en compte ces éléments afin d’apporter du sens au métier. La profession peut gagner en motivation par un exercice quotidien facilité mais aussi par l’ouverture  vers de nouveaux horizons.

La collaboration comme réponse

Les professionnels de santé eux-mêmes sont souvent aussi perdus que les patients. Le système de soins doit miser sur une meilleure collaboration entre les acteurs de la ville mais aussi avec les établissements de santé, afin d’apporter un service efficace et clair à la population.

Pourtant le corps médical ne voit pas d’un bon œil le développement et l’élargissement de certaines compétences des IDE. Ce corporatisme ne chercherait-il qu’à garder la profession infirmière sous son giron ? Cela ne peut que contribuer au manque de sens que les infirmières et infirmiers ressentent.

Le développement de l’accès direct pour les personnes dépendantes ainsi que pour les soins de plaies ne doit pas être vu comme une exclusion de la prise en charge du médecin mais comme le moyen de faciliter le parcours du patient, optimiser le temps soignant ainsi que redonner le sens de l’évaluation par l’infirmier qui assure les soins.

Malgré la proposition d’ouverture dans le rapport du CLIO[1], les propos tenus dernièrement par le CNOM[2] et certaines organisations de médecins posent question. [3] Le corps médical ne voit que par la délégation de tâches sans aucune volonté de miser sur le développement de nouvelles compétences et la coopération.

Nous ne pouvons que nous interroger sur la volonté de chacun de construire un système de santé plus fluide permettant aux patients et à la population de disposer d’une offre de soins de qualité tout au long de la vie.  


[1] Proposition des ordres de santé pour améliorer l’accès à l’offre de soins grâce à l’interprofessionnalité – Rapport du Comité de liaison des institutions ordinales (C.L.I.O) – 13/10/2022

[2] CNOM : Conseil national de l’Ordre des médecins

[3] Communiqué commun des syndicats et de l’Ordre – Conseil national de l’Ordre des médecins – 03/11/2022