Maisons France Santé : le Sniil refuse un nouveau modèle médico-centré

Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu a annoncé la création de 5 000 « maisons France Santé » d’ici 2027. L’objectif est louable : améliorer l’accès aux soins. Mais le Sniil alerte : des murs ne soignent pas.

« Si on prend [la question de l’accès aux soins] à bras-le-corps, c’est quelque chose qui peut complètement enjamber les clivages. Les Françaises et les Français, ce qu’ils veulent surtout, c’est un médecin ». – Sébastien Lecornu, Premier ministre[1].

Non, les Français ne veulent pas seulement « un médecin ».
Ce qu’ils attendent avant tout, c’est un accès réel et rapide aux soins. Il est temps de changer de paradigme : ce sont les professionnels de santé, dans leur diversité, dont la population a besoin. Persister à organiser notre système uniquement autour du médecin, comme c’est le cas depuis des décennies, nous a mené dans l’impasse actuelle : désertification médicale, délais d’attente interminables, fractures territoriales.

Pour un modèle crédible et efficace

Chaque jour, les infirmiers libéraux assurent la continuité des soins, le suivi des patients chroniques, la prévention et les sorties d’hospitalisation. Nous sommes le premier réseau de proximité. C’est pourquoi l’ouverture de l’accès direct à l’infirmier libéral devient une nécessité absolue. Sans notre implication réelle, ces maisons ne seront qu’une promesse creuse.

Afin que ces maisons ne deviennent pas une coquille vide, le Sniil affirme que les infirmiers libéraux doivent être pleinement intégrés à ce projet. Cela implique :

  • Une gouvernance non médico-centrée : les infirmiers libéraux soient reconnus comme acteurs à part entière de ces futures structures. Nous devons être associés à la gouvernance.
  • Une coopération pluriprofessionnelle réelle : La réponse aux besoins de santé repose sur la coopération pluriprofessionnelle, avec un véritable partage des compétences entre tous les professionnels engagés dans le premier recours.
  • Des moyens financiers à clarifier : Comment le gouvernement compte-t-il financer ces structures ? Sans clarification des moyens alloués, la multiplication d’infrastructures risque d’accentuer les inégalités plutôt que de les réduire. Rappelons que les professionnels de santé, subissent, au quotidien, une pression financière permanente.

Le Sniil appelle le gouvernement à ouvrir sans délai une concertation spécifique. Nous refusons catégoriquement une nouvelle « usine à gaz » administrative, coupée des réalités du terrain. Sans une place claire et ambitieuse pour les infirmiers libéraux, cette réforme restera déconnectée des réalités du terrain.


[1] 5 000 maisons « France santé » d’ici à 2027 – info.gouv.fr – 15/09/2025